Petite Histoire des Systèmes POS et autres terminaux point de vente en cinq étapes clés

17 juin 2021
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Aujourd’hui, les diverses opérations de gestion et d’encaissement du POS dans les secteurs du retail, de l’hôtellerie-restauration, des services et des loisirs passent le plus souvent par la high tech ; à ce titre, celle-ci requiert un large éventail de points de contact et de services en rapport avec l’univers du digital et l’omnicanalité.

Mais comment en sommes-nous arrivés là ?

Voici un bref historique de l’évolution des technologies point de vente, depuis les toutes premières caisses enregistreuses de nos grands-pères, en passant par les systèmes POS informatisés (terminaux point de vente), les tablettes (Mobile POS) fonctionnant grâce au Cloud et enfin les nouvelles solutions de bornes en libre-service (SCO pour « self check out ») à écrans tactiles.

1879 : le système de caisse « incorruptible » de Ritty

La longue route qui a mené aux systèmes point de vente du style de ceux que nous connaissons aujourd’hui commence probablement aux États-Unis en 1879 avec un gérant de saloon de Dayton, en Ohio, nommé James Ritty.

Las de voir le personnel de son bar détourner une partie des recettes de sa caisse, Ritty parvint à imaginer un dispositif mécanique capable d’enregistrer et de garder trace de chaque vente réalisée.

Son système de “caissier incorruptible” fut à l’origine de la première caisse enregistreuse à proprement parler.

Il fallut du temps pour que le concept prenne son envol ; on raconte que Ritty n’aurait vendu qu’une seule de son invention avant de céder sa société à un certain Jacob H. Eckert ; ce dernier ajouta un tiroir-caisse et une alarme (cloche) au système, ce qui permit aux patrons des enseignes concernées qui choisissaient ce système d’être alertés chaque fois qu’une vente était “enregistrée” et validée.

En 1884, Eckhert vendit à son tour sa société, à un certain John H. Patterson qui allait créer la National Cash Register Company.

Patterson réussit alors à intégrer un système d’impression de reçus, destiné à améliorer et à fiabiliser les pratiques comptables ; avec l’aide d’une équipe commerciale professionnelle, il fit entrer le concept de « caisse enregistreuse » auprès du grand public et des consommateurs.

1973 : IBM et le premier système de caisse informatisé

Les caisses enregistreuses ont relativement peu évolué au cours du siècle suivant, si ce n’est qu’elles sont devenues des équipements standards, produits en série.

La première caisse enregistreuse équipée d’un moteur électrique et non plus d’un mécanisme à levier et à manivelle fut mise au point dès 1906 ; mais on était encore loin des “caisses enregistreuses électroniques” et informatisées que l’on connaît depuis quatre ou cinq décennies.

Bien que les touches électroniques se soient progressivement imposées dans l’après-guerre, ce n’est qu’en 1973 qu’IBM réussit à mettre au point le premier système d’encaissement véritablement informatisé.

Il s’agissait également du premier système point de vente connecté et organisé en réseau, tel que nous le concevons aujourd’hui ; il était en effet possible de faire fonctionner simultanément jusqu’à 128 caisses, en sauvegardant l’ensemble des données en rapport avec les ventes au sein d’un même et unique système centralisé.

1986 : le premier système point de vente à écran tactile

L’informatisation des caisses et des systèmes POS se mit alors à évoluer rapidement dans les années 1980. IBM fut de nouveau fortement impliqué, avec le lancement en 1981 du modèle 5150, le premier “PC” à proprement parler ; c’est ce dernier qui ouvrit la voie au développement par IBM du premier système d’encaissement capable de fonctionner à partir d’un ordinateur de bureau standard, et ce dès 1985.

Le géant de la restauration rapide McDonald’s a également joué un rôle clé. En 1984, William Brobeck lança une caisse enregistreuse dotée d’un microprocesseur sur mesure pour le géant de la restauration rapide, équipée d’une touche différente pour chaque article du menu, accélérant ainsi la prise de commande.

En 1986, cette innovation du secteur de la restauration rapide permit de franchir une nouvelle étape : Gene Mosher, un commerçant de New York, lança « ViewTouch », un logiciel pour Atari ST qui permit d’appliquer le concept de touche unique par article à une interface graphique.
En outre, ViewTouch fut imaginé pour être compatible avec la technologie émergente des « touch screens », annonçant l’arrivée et la généralisation des systèmes point de vente à écrans tactiles si répandus de nos jours. Ce software existe toujours aujourd’hui et est disponible gratuitement (pour le secteur de l’Hospitality et de la restauration essentiellement).

1992 : les systèmes POS électroniques (EPOS ou POS Systems)

Après la trouvaille de Mosher avec son programme d’interface graphique pour les systèmes POS des restaurants, l’étape suivante fut le développement de suites logicielles complètes pour la gestion de l’ensemble des fonctionnalités et des applications nécessaires sur le point de vente. Jusqu’alors, les caisses enregistreuses se limitaient à traiter les ventes et imprimer les reçus ; elles devaient être connectées à des ordinateurs distincts, indépendants, pour être en mesure d’éditer les rapports de vente, les mises à jour des stocks, etc. Les logiciels EPOS ou POS furent en fait développés afin que l’ensemble des opérations de caisse puissent être gérées simultanément à partir d’un seul et même poste de travail.
En 1992, on attribue généralement à Nisyst le mérite d’avoir été le premier progiciel POS (ou EPOS) complet. Mais c’est sans doute l’arrivée, la même année, de IT Retail, premier logiciel POS pour Microsoft Windows, qui changea la donne.

Le système d’exploitation de Microsoft ayant révolutionné l’informatique, le nombre de plate-formes (E)POS construites pour Windows dans le sillage d’IT Retail explosa ensuite, offrant aux commerces en contact avec la clientèle un éventail de choix et une flexibilité inédites jusqu’alors.
Les programmes et software développés spécifiquement pour les systèmes (E)POS ont permis aux utilisateurs d’associer et de combiner ces logiciels dédiés à une palette de matériels beaucoup plus large ; cela a favorisé l’apparition des terminaux point de vente tout-en-un, dotés d’une unité centrale, de sorte que l’utilisation d’ordinateurs de bureau additionnels ne soit plus nécessaire.

Le début des années 2000 : le Cloud

Le premier impact de l’arrivée d’Internet sur les systèmes de gestion et d’encaissement point de vente a été la possibilité de mettre en réseau un grand nombre de postes, et ce sur de très grandes distances. Cette possibilité convenait particulièrement aux enseignes organisées en réseau, car elle leur permettait de commencer à contrôler de manière centralisée les opérations du POS dans plusieurs magasins à la fois – et de pouvoir gérer simultanément et globalement les données relatives aux ventes, aux stocks, aux réassorts, etc.

L’émergence du Cloud a eu un impact encore plus important : plutôt que de devoir installer, configurer et gérer une plateforme logicielle directement sur des machines installées localement, la gestion du POS via le Cloud allait offrir une option simplifiée et très accessible, quasiment « plug & play », où l’utilisateur allait pouvoir accéder très simplement à toutes les fonctionnalités du POS “en tant que service”, via une simple connexion Internet.

La technologie du “Cloud” a permis de réduire considérablement le coût des logiciels d’encaissement et d’offrir des services de qualité supérieure aux entreprises du monde du retail et du commerce, quelle que soit leur taille. Elle a également accéléré le découplage entre le logiciel d’encaissement (software) et le matériel (hardware). Aujourd’hui, tout le monde peut accéder aux plateformes et suites de gestion de caisse via le Cloud, à partir de n’importe quel matériel équipé d’un navigateur, indépendamment du système d’exploitation utilisé et des restrictions en rapport avec des éléments comptables donnés. Au cours des 10 à 15 dernières années, cette évolution a donné naissance à des innovations telles que le Mobile POS et les tablettes, nouveaux outils qui permettent des connexions sans fil au Cloud pour assurer toutes les fonctionnalités du POS dans leur version « nomade ».

Début des années 2000 : les bornes (KIOSK) en libre-service

Au même moment, alors que les solutions POS via le Cloud commençaient à émerger, une autre tendance majeure se développait rapidement en parallèle : les bornes en libre-service.

L’offre de produits en libre-service (Self-Check-Out) est en fait un concept assez ancien ; les premiers distributeurs automatiques datent du 19e siècle aux États-Unis et la première station d’essence en libre-service est attribuée en 1964 au propriétaire d’une supérette de Denver, (Colorado), nommé John Roscoe.

Le premier pas vers la banalisation du libre-service dans le commerce de détail eut lieu au début des années 1990, lorsqu’un entrepreneur du nord de l’État de New York, le Dr Howard Schneider, introduisit ce qu’il appela des “robots de service” dans le magasin Price Chopper de Clifton Park. En l’espace de dix ans, ces lignes de caisses en libre-service devinrent monnaie courante dans nombre de supermarchés et de magasins du secteur food-service des Etats-Unis.

À cette époque, une version plus élégante et plus polyvalente du concept de borne SCO (self-check out) fit également son apparition, dans les aéroports et aux guichets des compagnies aériennes. Ces dernières s’intéressèrent très tôt à ces solutions “kiosques” ou bornes, des unités, terminaux et colonnes autonomes à écran tactile qui pouvaient être customisées et personnalisées avec des imprimantes de reçus, d’étiquettes de bagages, de scanners pour les passeports, etc. Elles eurent un impact rapide et significatif sur la fluidification et la réduction des longues files d’attente qui étaient si courantes dans les halls des grands aéroports du monde entier.

Le grand intérêt du concept des bornes est toujours leur polyvalence. Aujourd’hui, on trouve des solutions KIOSK à peu près partout où il y a un comptoir de vente ou une caisse, en complément ou en remplacement des moyens d’encaissement plus traditionnels.